lundi 28 mai 2007

André Obrecht, histoire d'un bourreau de la république




Source : http://site.voila.fr/guillotine/Andre.html


Si la vie d'exécuteur n'est jamais banale, celle d'Obrecht, avant-dernier bourreau de la République, le fut plus encore.

Origines

André est né le 09 aout 1899, à Paris. Sa mère Juliette Rogis meurt, cinq mois après sa naissance, de la tuberculose, et il est éduqué par les voisins Durieux. La soeur de sa mère, Rosalie, et son époux Anatole Deibler, ont beaucoup d'affection pour l'enfant, qui le leur rend bien. Le petit André, choyé, devient bientôt l'ainé de quatre autres enfants, nés de l'union de la fille Durieux, Louise, et de Jean-Baptiste Obrecht. A dix ans, il prend conscience du métier de son oncle, qu'on n'évoquait qu'à demi-mot chez lui, grâce à la série de cartes postales tirées de l'exécution de Valence, en septembre 1909. Ces images marqueront ses nuits d'enfants. A 14 ans, au collège Say, il décroche son certificat d'études, et entend bien continuer l'école, mais les ressources familiales sont maigres, et le père Obrecht exige qu'André trouve un travail. Ouvrier en mécanique, André est un travailleur consciencieux. Un fait notable chez lui : c'est un séducteur. Beaucoup d'ouvrières de son entreprise passèrent dans ses bras, et souvent dans son lit. A 18 ans, il part faire son service militaire, à Strasbourg. Là-bas, il y fait la rencontre d'une jeune femme, dont il taira toujours le nom. Nos amoureux verront leurs projets communs sabordés par leurs pères respectifs, le père de la demoiselle refusant le mariage en raison de la famille peu fortunée et du nom de Deibler, le père d'André, lui, trouvant son fils trop jeune pour se marier. C'est ainsi qu'André Obrecht sera muté à Châteauroux. Il gardera un ressentiment assez vif envers son père. La jeune alsacienne était enceinte à son départ, et André ne connaîtra que bien tard l'existence d'une fille, Gillaine.





André Obrecht, bookmaker durant l'Occupation




Toutefois, il faut savoir qu'en octobre 1921, Jean-Baptiste Obrecht et son beau-frère Anatole Deibler se rendirent à Strasbourg pour demander à André d'assister à l'exécution prochaine des tueurs de la Poste, Frintz et Luntz. André ira voir son oncle guillotiner les deux malfrats le 20 octobre, et donnera son accord pour, dès sa démobilisation, devenir adjoints à ses côtés, ce dont Anatole sera fort content.

En permission, cinq mois plus tard, André assistera à une nouvelle exécution, et pas la moindre, celle de Landru. Puis, quittant l'armée en avril, il est insititué adjoint de deuxième classe. Il est employé à la tâche le 23 mai 1922 à Paris pour mettre à mort Loeuillette et Cadet, deux bandits de son âge. Ses gestes sont précis, il sait obéir et diriger quand il le faut. Deibler le prendra à chacune des exécutions suivantes.

En 1926, André fait la connaissance de Georgina. Elle est professeur de musique, un peu plus âgée que lui. Ils se sont rencontrés chez elle, où André venait régulièrement entretenir sa voix de ténor. Elle n'a aucun rapport avec le métier, pas plus que de préjugés, et la famille l'accueille avec grand plaisir. L'union durera près de quinze ans. Quand Anatole Deibler meurt en 1939, les deux candidats potentiels au poste de chef sont, bien évidemment, André et son cousin Henri Desfourneaux. C'est ce dernier, pour des raisons financières (des dettes contractées envers Rosalie et Anatole Deibler), qui décrochera le poste. André sera promu adjoint de première classe, le 15 mars 1939. Le 17 juin, il tient la place de "photographe" lors de l'exécution de Weidmann. Bientôt la guerre éclate, et son travail de mécanicien, aux usines Salmson, est annulé. Les exécutions ne s'arrêtent pas durant le conflit, non, et Obrecht se reprochera toujours d'avoir obéi aux ordres qui menaient à exécuter des femmes, ou bien des hommes condamnés la veille au soir sur des motifs inexistants. C'est ainsi qu'il démissionne à l'automne 1943, en compagnie des frère Martin. Pour vivre, il fait le bookmaker aux courses de lévriers, et crée une entreprise d'esquimaux glacés, distribués dans tous les cinémas de la capitale (on imagine la tête des gourmands si on leur avait dit que c'était le bourreau qui les régalait !)

Le 26 avril 1945, il est ré-engagé comme adjoint de première classe. Il reprend ses fonctions dès l'exécution de Petiot. Mais les tensions finissent par ressortir, et l'air hautain de son cousin le met hors de lui plus d'une fois, jusqu'à ce qu'ils en viennent aux mains. Nouvelle démission à la fin de l'année 1947. André, separé de Georgina, épouse Berthe Labbé, propriétaire d'un magasin de frivolités. Il part s'installer à Casablanca, mais en revient au bout de 18 mois, en apprenant le décès de son cousin Desfourneaux en octobre 1951. A Paris, le Directeur du Département des Arrets Criminels lui annonce qu'il est, à compter du 1er novembre, exécuteur en chef, ce qui fera grincer les dents de plus d'un candidat au poste.


Le 13 novembre, à Marseille, il guillotine Ythier, un tueur de policiers. Sa carrière compte principalement des condamnés de droit commun, mais il devra aussi exécuter des membres du F.L.N, de 1958 à 1961, et tous à Lyon, où siège le tribunal militaire. En 1958, il engage dans son équipe son neveu par alliance, Marcel Chevalier. Parmi les assassins exécutés par ses soins, on peut citer Buisson, l'ennemi public numéro 1, Fesch, qu'on tenta de canoniser vers 1990, Rapin, fils de bonne famille le jour, proxénète la nuit. Il ira par deux fois guillotiner en Martinique. Il devient veuf en 1967. En 1972, il exécute Buffet et Bontems à la Santé, puis Benyanès à Marseille l'année suivante. Victime de la maladie de Parkinson, il guillotinera son dernier condamné à mort, Ranucci, le 28 juillet 1976, à Marseille où il avait fait ses débuts 25 ans plus tôt. Il est mis à la retraite le 30 septembre 1976, et le lendemain, son neveu Chevalier obtient le poste tant convoité. Obrecht finira sa vie entre Paris et Nice, toujours entouré des femmes qu'il aimait. En 1981, il entame, avec le journaliste de "Paris-Match" Jean Ker, la rédaction de ses mémoires, mais exige qu'elles ne paraissent qu'à titre posthume. Il décède le 30 juillet 1985 à Nice, à 3 heures 15 du matin. Le livre, "Le Carnet Noir du Bourreau", sera édité et publié en 1989. André Obrecht aura exécuté en tout 322 condamnés à mort, dont près de 150, quand il était l'aide de Deibler, et 65 en tant que chef.

Merci à l'auteur de cet article !

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