Plus Bleu que bleu
"Le mai 81 de la droite" titre le Monde du mardi 12 juin. UMP et apparentés obtiennent au soir du premier tour 45,7% des voix. Les instituts de sondages laissent présager une assemblée acquise au 4/5ème au gouvernement de François Fillon (Ipsos, Sofres). Mais comme le rappel Brice Teinturier (voir vidéo) de TNS-Sofres, "les choses bougent relativement peu". Des graphiques de l'institut Ipsos qui compare les estimations pour le second tour et les résultats de 2002 se superposent d'ailleurs assez facilement. Alors pourquoi parler de "vague bleu" ou de "mai 81 de la droite" ?
La comparaison entre les chiffres d'il y a 5ans et les projections actuelles n'est pas forcément révélatrice de l'évolution actuelle du paysage politique français. Le pouvoir de Nicolas Sarkozy en ce début de mandat est aujourd'hui nettement supérieur à celui auparavant détenu par Jacques Chirac.
À l'UMP d'abord, le parti est pleinement acquis au président en place. Contrairement à J.Chirac, N.Sarkozy ne souffre pas pour le moment d'un réel concurrent qui briguerait un éventuel leadership à droite. La base d'élus UMP sera légèrement supérieure à celle de 2002 et celle-ci devrait suffire à gouverner efficacement en constituant environ 60% de l'Assemblée Nationale.
L'influence du président s'accroît également au centre. Le PSLE qui regroupe les anciens de l'UDF qui ont préféré une alliance avec l'UMP et qui ont, pour une partie d'entre eux, rejoint le gouvernement de François Fillon, constituera une autre force sur laquelle N.Sarkozy pourra raisonnablement s'appuyer. Le centre, élément hautement stratégique du jeu parlementaire ne jouera plus un rôle d'arbitre comme cela aura pu être exceptionnellement le cas sous les différents gouvernements Raffarin ou Villepin. Le groupe de parlementaires UDF était certes issu d'une alliance avec l'UMP, mais avait des velléités d'indépendance impulsées par son ancien président : François Bayrou. Le "centre dissident" incarné par le béarnais n'existe plus à l'Assemblée. Son pouvoir législatif est, selon les estimations, quasiment réduit à néant. Une alliance de dernière minute avec le PS pourrait néanmoins changer légèrement la donne. Le jeu des alliances laissera donc la place à une assemblée bipolaire dans laquelle le PLSE aura une indépendance très relative. L'UMP, le PLSE et les "divers droits" représenteront près de 70% des députés. Contrairement à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy apparaîtra comme un général, dirigeant 440 soldats par l'intermédiaire de lieutenants fidèles et soumis.
La gauche qui retrouvera probablement le même nombre de sièges ressort néanmoins affaiblie. Si numériquement le nombre de députés de gauche devrait peu varier, la force politique pose 5ans après, un deuxième genou à terre. Les élections de 2002, montraient un PS bouleversé, accablé mais révolté. Une révolte qui avait permis, dans une certaine mesure, de fédérer autour de François Hollande. En 2007, les expériences gouvernementales semblent bien loin. Le PS auquel l'électorat avait envoyé un message clair n'a pas su ou n'a pas pu envoyer une réponse efficace. L'absence patente de leader et les grands écarts idéologiques ont suscité la résignation et le désintérêt de l'électorat. Contrairement à 2002, en 2007, le PS ne porte plus aucune espérance : ni d'alternance, ni de rénovation. Une situation qui illustre encore le fait que, au-delà des chiffres, N.Sarkozy est dans une situation encore plus favorable que Jacques Chirac 5ans plus tôt. En ce qui concerne le reste de la gauche, sa capacité à agir institutionnellement sera quasi nulle. Elle devra se contenter des médias, de la rue : tribune alternative qui jouera certainement le rôle de contre-pouvoir qui manquera à l'hémicycle.
À droite, au centre, à gauche, Sarkozy a frappé fort, des coups qui marquent l'Assemblée et le gouvernement d'un bleu UMP, un bleu vif et conquérant, presque rouge.
Tutur
2 commentaires:
Finalement c'est pas si horrible que ce qu'on pensait, non? Les Verts chez vous! Bravo! Chez moi c PS ;)
bisous
Ué apparament la théorie des 2 Paris se confirme Paris Est et paris Ouest !
Vive l'Est !
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